D'origine parisienne, Vincent Louradour travaille et passe le plus clair de son temps (depuis 1970) à Douarnenez. C'est là, sur les grèves et tout au long de la baie, qu'il prélève les matériaux -polis, usés par le temps - dont il questionne et privilégie (en vue d'une vie nouvelle ?) la très ancienne existence.
Ces "rencontres", le plus souvent, sont le fruit du hasard.
Depuis qu’il a pris conscience, de quoi ? d’une absence en lui, Vincent Louradour trafique avec les objets ramassés sur les grèves, de préférence rouillés, ayant vécu déjà une ou deux vies, en attente d’en revivre une autre avec lui.
Il n’est absolument pas question de sculpter une forme, ni même de l’aider un peu à être plus proche de son désir. Non, la main n’est là que pour provoquer des rencontres, coller ; la main et la rêverie.
Les grèves, les bords de mer, les îles sont ses terrains de chasse.
Objets frottés, roulés par la mer, dépouillés, rendus à une sorte de limpidité.
Cette obstination à la tâche nous fait poser la question : de quoi s’agit-il ? en dehors de ces objets qui sont des rencontres poétiques.
Et puis, cette infirmité commune qui nous fait oublier et la contemplation de son travail m’amènent tout d’un coup à une idée : sans doute toutes ces choses qu’on oublie vont-elles quelque part.
Tous ces cailloux à l’inverse du conte ne sont pas posés pour qu’on retrouve notre chemin mais pour construire un lieu destiné à l’oubli, un dédale des pertes.
On s’était demandé ce qu’était un endroit pour se perdre et Vincent Louradour nous construit le mandala de l’oubli.